9 Décembre 2006
Roger Vercel, c’est Capitaine Conan (prix Goncourt 1934), et surtout des romans de mer qu’il faut relire aujourd’hui. L’incroyable, c’est que, à l’opposé des Stevenson, Conrad, Melville, Twain, et autres marins-écrivains (et même de Verne, qui faisait des petites virées depuis Le Crotoy ou Le Tréport sur ses Saint-Michel I, II et III), Vercel n’a jamais tenu la barre d’aucun bateau, si ce n’est d’un petit canot de rien du tout, sur la Rance près de Dinan, la ville de sa vie.
Ce professeur de lettres-écrivain n’hésite pas à semer ses histoires de termes techniques incompréhensibles pour le profane, mais si colorés qu’il n’y a pas besoin de comprendre pour être transporté.
Son premier comité de lecture, ce sont des marins "terres-neuvas" qui, à la retraite ou entre deux campagnes de pêche à la morue, s’attablent autour de ses récits, dans son cabinet de travail de Dinan ou dans un café de Saint-Malo. Ces marins, Vercel les a interrogés, observés, couchés par écrit sur des centaines de fiches qu’il assemble dans ses romans comme dans un puzzle, en marchant-écrivant le long des berges de la Rance.
Des histoires vraies dont il s’inspire et des épisodes et scénarios qu’il imagine, on ne fera bientôt plus beaucoup la différence, certains de ces derniers devenant, dans la bouche des marins ou les écrits des spécialistes, plus vrais que les premières.